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Sport et diabète : Est-ce que le sport est bon pour les diabétiques ?

Manger malin pour courir plus loin

Introduction

Pour commencer, qu’est-ce que le diabète ? C’est une maladie qui cause une élévation chronique du taux de sucre dans le sang. Le diabète apparaît lorsque le pancréas ne produit plus d’insuline, il s’agit alors du diabète de type 1, ou lorsque l’organisme ne dispose pas assez d’insuline pour maintenir constant le taux de sucre dans le sang, il s’agit alors du diabète de type 2. Le diabète de type 1 nécessite un traitement (multiples injections d’insuline ou pompe à insuline) tandis que le diabète de type 2 se traite par la mise en place de mesures hygiéno-diététiques, comme une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité physique (il est souvent associé à des comprimés et/ou des injections d’insuline pour diminuer la glycémie).

Que provoque le diabète ? Il peut causer d’importantes cécités, des insuffisances rénales, des infarctus du myocarde, ou des accidents vasculaires cérébraux jusqu’à l’amputation des membres inférieurs. Entre 2000 et 2019, les taux de mortalité due au diabète ont augmenté de 3 % d’après la World Health Organization.

Et l’insuline, c’est quoi ? L’insuline est une hormone dont l’action principale est l’assimilation du sucre par l’organisme. Elle participe également à la régulation sanguine de la glycémie (taux de sucre/glucose dans le sang) en la diminuant, tandis que le glucagon est une hormone qui l’augmente. En d’autres termes, l’insuline et le glucagon travaillent en synergie afin de conserver les concentrations de glucose sanguin à un taux normal (3,3 et 5,5 mmol/l à jeun).

Alors, peut-on pratiquer du sport lorsque l'on est diabétique?

L’Américain Gary Hall Jr en natation, l’Anglais Steven Redgrave en aviron ou l’Allemand Matthias Steiner en haltérophilie sont des sportifs de haut niveau ayant un diabète de type 1, ce qui ne les a pas empêchés de réussir au niveau Olympique ! Depuis quelques années, le sport est fortement recommandé pour la prise en charge du diabète. Il est prouvé que le sport diminue l’apparition des complications macro-vasculaires et la mortalité globale, et les données actuelles suggèrent que les bénéfices du sport pour les patients diabétiques de type 1 sont les mêmes que pour la population générale, avec une amélioration de la condition physique, du bien-être et une diminution du risque de maladies cardio-vasculaires.

Cependant, quelles sont les précautions à prendre ? Les complications du diabète peuvent limiter l’activité physique ou du moins la dissuader. Les plus importantes sont à dépister avant de débuter certains sports car elles permettent d’orienter vers le type d’exercice à faire ou à ne pas faire pour le patient, tel que déconseiller les efforts violents et les exercices qui nécessitent une force intense en cas de rétinopathie par exemple (risque de décollement rétinien et d’hémorragie vitréenne). De plus, pratiquer du sport avec un diabète de type 1 nécessite des adaptations, notamment au niveau du traitement d’insuline et des apports alimentaires en hydrates de carbone pour éviter les hypo- et hyperglycémies selon l’heure, la durée de l’effort, le type d’effort et l’intensité. Un.e spécialiste apportera les informations nécessaires.

Sport et glycémie

L’activité physique induit différents changements hormonaux tels que :

  • Une diminution de la sécrétion d’insuline,
  • Une augmentation des taux d’hormones de contre-régulation tels que l’adrénaline, le cortisol, le glucagon, et l’hormone de croissance.

Concrètement, qu’induisent ces changements hormonaux et quelles répercussions ? Après l’effort, selon la durée et l’intensité de celui-ci, les besoins en glucides sont élevés parce que les stocks de glycogène dans les muscles et dans le foie doivent être renouvelés. En raison de cette surexpression de GLUT 4, les besoins en insuline peuvent être diminués pendant plusieurs heures et mettent le patient diabétique à risque d’hypoglycémie si le traitement n’est pas adapté. Pour cela, il faudrait diminuer la dose injectée d’insuline et/ou augmenter l’apport en hydrates de carbone. A l’inverse, lors de sprints, d’efforts violents, de stress psychologique et de compétitions, il y a une forte augmentation des hormones de contre-régulation. Dans ces situations, les besoins en insuline peuvent être passagèrement augmentés pour maintenir une glycémie adéquate.

Sport chez les diabétiques de type 1 : déséquilibre glycémique

  1. Hypoglycémie

Le risque principal pour un patient diabétique de type 1 lorsqu’il pratique du sport c’est la survenue d’hypoglycémies sévères (valeurs glycémiques au-dessous de 3,9 mmol/l) par plusieurs mécanismes (cf. figure ci-dessous).

  • Une insuline administrée à doses habituelles non réduites avant le sport entraîne une diminution de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse,
  • Des hypoglycémies récurrentes, des efforts répétés ou une neuropathie autonome déjà présente peuvent réduire la sécrétion des hormones de contre-régulation, ce qui diminue d’autant plus la glycogénolyse et la néoglucogenèse.
  • L’injection d’insuline au niveau des membres sollicités, un climat chaud et humide et la vascularisation augmentée des muscles et du tissu adipeux accélèrent la réabsorption d’insuline, ce qui peut mener à des hypoglycémies.

Les hypoglycémies apparaissent au cours de l’effort, juste après, mais peuvent également survenir plusieurs heures après le sport à cause de l’augmentation de la sensibilité à l’insuline.

  1. Hyperglycémie

Lors d’efforts violents ou de sprints, une forte sécrétion des hormones de contre-régulation peut survenir. L’insuline administrée aux doses habituelles n’est alors pas adaptée aux besoins supplémentaires et peut conduire à des hyperglycémies, passagères et non dangereuses (valeurs glycémiques supérieures à 8,8 mmol/l).

Conclusion

Alors que faire ? Pour éviter les hypoglycémies, il faut réduire les doses habituelles d’insuline (à adapter selon l’heure, la durée, le type et l’intensité de l’effort) et/ou prendre des glucides supplémentaires. Chaque sportif doit évaluer ses propres besoins en fonction de ses habitudes sportives, notamment en testant ses apports et en mesurant la glycémie fréquemment pendant et après l’effort. En cours d’effort, il faut privilégier un apport de glucides à absorption rapide et faciles à digérer, par exemple comme des boissons sucrées et/ou énergétiques, suivi d’un repas riche en glucides à absorption lente après le sport pour reconstituer les stocks de glycogène.

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Manon, préparatrice physique