Le syndrome de l'essuie-glace et la course à pied
Introduction
Kézaco: Le syndrome de l’essuie-glace, aussi appelé syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou encore syndrome du tractus ilio-tibial, est une douleur située dans la partie latérale du genou. Cette pathologie est classée dans la famille des tendinopathies.
Structures anatomiques: Résumer cette pathologie à la seule explication anatomique serait une erreur, mais il est important de connaître les différentes structures directement ou indirectement impliquées lors de la survenue de ces douleurs. De manière très simplifiée et schématique, nous retrouvons:
- Le muscle Tenseur du Fascia Lata (TFL) : tendu depuis l’avant du bassin jusqu’à la partie latérale du genou, il est composé d’un corps musculaire très court (présent à son accroche au bassin) et d’un tendon très long de plusieurs dizaines de centimètres se terminant principalement à la partie latérale du genou. C’est sur le trajet de son tendon que la douleur se situe
- Le muscle Grand Fessier (GF) : tendu entre plusieurs accroches sur le bassin jusqu’à l’arrière de la cuisse, c’est un muscle volumineux et qui donne la forme que l’on connaît de la fesse.
- Le deltoïde fessier : structure nommée ainsi pour faire l’analogie du muscle Deltoïde présent en partie latérale de l’épaule. Il est composé du TFL et du GF et forme le relief de la partie latérale de la hanche.
- Le fascia lata : est un tissu fibreux fin recouvrant la partie la plus superficielle de plusieurs structures dont, principalement, le TFL et le GF
- Le muscle Moyen Fessier (MF) : tendu entre la partie latérale du bassin et la partie haute de la face latérale de la cuisse, il a un rôle prépondérant dans la stabilité du bassin lors de nos déplacements. Il est placé en profondeur par rapport aux structures décrites précédemment.
Etiologie & Physiopathologie
Ce syndrome de l’essuie-glace appartient aux pathologies dites de répétitions puisqu’il apparaît après la répétition plus ou moins longue, en fonction des individus, d’un mouvement de flexion et d’extension du genou. Dès lors, il est aisé de comprendre que cette blessure se retrouve principalement chez les sportifs.x.ves pratiquant une activité qui demande de l’endurance sur une période prolongée. Ainsi, elle se manifeste majoritairement chez les coureurs.x.euses et les cyclistes. Dans le cadre de la course à pied, il apparaît plus fréquemment lors de la descente même s’il est possible de le rencontrer lors des montées ou même à plat. Il ne semble pas y avoir de prédisposition en fonction du sexe de la personne. Cependant, le syndrome de l’essuie-glace touche principalement les sportifs.x.ves dit.e.s confirmé.e.s. Cela s’explique par l’augmentation des entraînements, de leur durée, de leur distance et des compétitions.
Il a longtemps été considéré que cette tendinopathie était le résultat additionné d’une forte tension du TFL et d’une friction du tendon de ce même muscle sur l’épicondyle latéral du fémur dans la région latérale du genou. La friction répétée entre ses deux structures à cause des mouvements de flexion et d’extension du genou était alors identifiée comme responsable de l’inflammation. La tendance actuelle est de considérer qu’il y a un enroulement longitudinal anormal des fibres tendineuses du TFL lors des mouvements de flexion et extension du genou. Cette anomalie est aussi dépendante de la vitesse d’exécution du mouvement. S’il est anormal, c’est que l’enroulement est provoqué par un déséquilibre au niveau du genou et de hanche lors du mouvement, notamment dans la région du deltoïde fessier. C’est plus souvent les muscles fessiers qui se retrouvent trop faibles dans ce genre de situation.
Traitement
Il est observé que les sportifs.x.ves contractant le syndrome de l’essuie-glace viennent consulter lorsqu’ils/elles ont épuisé toutes les solutions qui s’offraient à eux/elles. La consultation intervient malheureusement trop souvent en dernier recours, ce qui prolonge les délais de guérison et peut compromettre la participation à certaines courses. Il faut retenir que le corps est capable de s’adapter et de créer du changement, à condition de lui en laisser le temps. Le meilleur réflexe à faire est d’aller consulter son médecin généraliste ou le médecin du sport et de suivre des séances de physiothérapie.
Cette prise en charge en physiothérapie reposera principalement sur deux axes :
- Le conseil et l’éducation thérapeutique pour identifier les paramètres irritant les structures mises en jeu dans le syndrome de l’essuie-glace et pour optimiser la reprise des entraînements sans faire d’erreurs.
- Le renforcement musculaire ciblé de manière analytique puis replacé dans le schéma de la course pour toucher le côté plus fonctionnel.
Cette prise en charge nécessite l’adhésion et l’implication de la personne blessée. Il s’agit d’un traitement dit actif.
REFERENCES:
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